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Une comédie cruelle finement observée, magnifique et terrible, douloureuse et vraie

 

Deux couples, l'un revenant d'une mission humanitaire en Afrique, l'autre confortablement installé dans sa petite vie bourgeoise en Europe, se retrouvent après six ans sans se voir. Ils essaient désespérément de renouer les liens de leur amitié, tout en prenant conscience du gouffre qui dorénavant les sépare. Au cours de la soirée il apparaît qu'en Afrique les deux époux auraient eu des aventures extra-conjugales. L'ombre du SIDA plane, bien que personne n'ose le nommer. Deux poupées – Annie-Abeni est en bois ; Peggy Pickit est en plastique – représentent deux enfants, absents mais néanmoins présents au c?ur du débat.

Schimmelpfennig choisit d'évoquer la tragédie du SIDA en Afrique à travers le prisme de deux couples blancs occidentaux. Deux mariages mal en point, quatre quadragénaires qui jouent la comédie des amis qui se retrouvent, qui esquivent et louvoient tant qu'ils peuvent mais qui finissent par laisser tomber les masques et révéler leur mauvaise conscience occidentale. Il nous livre une comédie cruelle, finement observée, magnifique et terrible, douloureuse et vraie, qui continue de résonner en nous bien après le noir final.